2 - Saxophone
3 - Chewing Gum
4 - Dedans
5 - Nasty
6 - Gomez
7 - Deux Dix Cent
8 - VIII - L'esprit Du Tank
9 - Méli-Mélo
10 - Taxi
11 - Maux Doux
12 - Boom Boom
13 - Hirondelles
14 - XIV - MAISON CLOSE
15 - Mérédith
O2ZEN devient ODEZENNE
Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter.
EM CIORAN (1952)
Odezenne écoute Madlib, Daedelus, Radiohead, Gonjasufi et Gainsbourg.
o2zen se rebaptise et s’affranchit de son vrai nom pour ne plus s’écorcher dans la bouche des gens. Ce sera ODEZENNE pour tous maintenant. Le groupe a toujours 5 membres, il fait toujours son rap et il sort encore un disque sur le label Universeul : O.V.N.I (Orchestre Virtuose National Incompétent)
Ce concept album a également pour vocation de s’exposer dans des galeries d’art avec la série « j’aime mon quotidien numérique » réalisé en collaboration avec le photographe Sébastien Cottereau et l’habillage du disque créé par Edouard Nardon, du collectif d’artistes Cuhllection considéré comme la nouvelle vague avant-gardiste new-yorkaise. C’est cette collaboration en triptyque qui dessine l’univers de O.V.N.I.
Je trace dans les rues, il pleut légèrement, les morceaux de l’ « advance » CD de ODEZENNE défilent en shuffle dans le coeur moelleux des oreillettes de mon casque Sennheiser.
Freeze. Sous la lumière crue de l’éclairage public, je me sens comme un lapin figé par la lumière des phares du 4×4 qui fonce sur la départementale : comment est-ce franchement possible d’écrire sur ODEZENNE ? Tout y est déjà si littéraire et si fluide ? Je veux dire : ils disent déjà tout. En sons, en paroles, en gestes, même. C’est le job infaisable, mec, ou quasi. Au mieux on peut s’en tirer comme PPDA avec Hemingway, copier/plagier/sampler les meilleurs cuts. On connaît le fameux mot de Franck Zappa de toutes façons : « écrire sur la musique, c’est comme danser sur l’architecture ». Danser ? OK. Rentrer un head spin sur le beat, où des séries de six steps pendant que les rimes s’enchaînent, yo. Dès l’entrée de jeu, sur leur long jeu, les MC d’ODEZENNE envoient un marabout haletant, comme pour donner le tempo de leur talent. Sans pour autant se la péter, loin de là. Péter trop haut, pas leur truc, à c’qu’on dirait : ils s’autoproclament « rappeurs sans millions », le compte en banque moins épais qu’une doudoune de caillera, et prennent des poses aux antipodes du bling bling – ODEZENNE semblent connaître la valeur des moindres piècettes, du moindre petit bifton, la plus petite coupure.
D’autres coupûres qu’ODEZENNE me semblent bien connaître, ce sont celles de l’âme. Les blessures. « Un goût amer dans nos syllabes et du spleen en décibels« , confessent-ils même sur un fond de jazz scratché.
Les voix de ODEZENNE s’épanchent, et c’est le règlement de comptes avec les mauvais souvenirs, les règlements de contes avec les utopies vandalisées. Des mots doux sur la dureté de la vie. Des arrangements clean sur des histoires de street qui tournent parfois au très très glauque. La richesse et la volupté du son au service d’une certaine conscience de classe. Du point de vue de la carte d’identité, ODEZENNE est situé sur un axe Bordeaux-Paris. Ou Paris-Bordeaux, c’est selon. Comme un TGV, en somme.
Première classe pour le packaging, c’est couru d’avance. Je suis sûr en revanche que les gars n’ont pas de titre de transport valide. C’est couru d’avance. Tout au plus, quelque soit le nom que l’on donne de nos jours à ce genre d’attirail, un baluchon de poète.
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