Mirna

Mirna a de sacrées références dans le domaine du Reggae : Judy Mowatt, l’ex-choriste de Bob Marley & The Wailers, dont l’album Black Woman lui donne encore aujourd’hui “la chair de poule” quand elle l’écoute ; ou encore, issue d’une génération plus contemporaine, la reggaewoman Dezarie des îles Vierges et son Gracious Mama Africa avec les inclassables Midnite.

Entre le reggae et Mirna, la relation est aussi forte que profonde. Notre chanteuse trentenaire d’origine libanaise a grandi en Côte-d’Ivoire, “le troisième pays du reggae”, souligne-telle. Si ce style musical fait partie du décor là-bas, elle se souvient du jour où elle en a vraiment ressenti les effets, comme une révélation : en entrant dans la chambre de son grand frère qui écoutait Brigadier Sabari d’Alpha Blondy. Le temps de digérer toutes ses influences, de trouver son chemin, et la voilà en 2015 avec un premier album sous le bras : The Train of Changes, coproduit par Tiken Jah Fakoly et destiné au marché local. Avec à la clé des concerts lors de rendez-vous majeurs du reggae en Afrique, comme le Abi Reggae Festival.

Pour lui donner une suite, que l’on découvre aujourd’hui à travers Redemption, Mirna a parcouru la planète reggae. À commencer par la Jamaïque, incontournable pour ceux qui ont épousé sa musique, son esprit, et ont envie de vivre l’énergie créatrice débordante de cette île. Pour Mirna, aller là-bas relevait aussi de cette symbolique ancestrale, culturelle, qui réunit Afrique de l’Ouest et Caraïbes. C’est donc au pays de Bob Marley, et même dans les studios Tuff Gong de la famille du roi du reggae, qu’elle a enregistré deux titres avec la participation du clavier Robbie Lyn, un pilier de la musique jamaïcaine : le ska Reggae Party et Redemption, en duo avec le chanteur Derajah, chanson dont le nom est devenu le titre de l’album. A travers ce terme, il est question de “renaissance”, une façon de “laisser les choses derrière soi pour aller mieux”, explique celle qui a consacré sa première chanson en 2010 au Liberia – sa terre natale qu’elle avait dû fuir en famille au moment de la guerre civile et où elle revenait enfin. Autre étape dans l’élaboration de Redemption, l’Afrique du Sud, qui occupe une place particulière dans l’histoire du reggae grâce à Lucky Dube, dont les chansons continuent de résonner sur une grande partie du continent africain. Accompagnée par les musiciens d’Azania Band, redoutable backing band souvent sollicité en Afrique australe et dans l’océan Indien, Mirna a mis en boite d’autres morceaux dans un studio du Cap, notamment un duo avec Crosby, l’une des figures locales du reggae.

Enfin, il y a la France, où cette guitariste autodidacte est venue vivre depuis quelques années. Aux côtés de Kubix, élément central de la scène reggae hexagonal, elle a poursuivi le travail en région parisienne. En studio et sur scène comme à la ville, elle souligne le rôle de son pygmalion, qui évidemment a partagé avec elle tout son savoir-faire. D’autres rencontres (par exemple Tyrone Downie, pour le projet Jahzz dont est issu Music Is My Soul) ont élargi encore un peu plus son horizon, lui ont permis d’acquérir davantage d’expérience. Voire d’explorer de nouvelles directions, à l’image du nyabinghi Take Me To Zion avec le percussionniste Manjul. À sa façon, à travers le prisme des dix chansons de Redemption, Mirna honore la diversité autant que la richesse du reggae.

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